Laboratoire Lattice - UMR 8094
ENS-CNRS
1 rue Maurice Arnoux, 92120 Montrouge

Benjamin Fagard

Research Scientist
CNRS

Recherche

Mes travaux portent essentiellement sur les thèmes suivants :

  • les classes fermées (les prépositions, les conjonctions, les morphèmes de genre : constantes et particularités du renouvellement des classes de mots dites « fermées »)
“rue”, grammaticalisé en “dehors !”

→ ces classes de mots « figées » sont en fait constamment renouvelées (apparition de la conjonction parce que au 13e siècle, de la préposition dans au 16e siècle, du pronom iel au 21e siècle)

  • la grammaticalisation (phénomène menant au renouvellement de la grammaire à partir d’éléments lexicaux)

→ comme le verbe aller qui exprime non l’espace mais le futur dans il va pleuvoir ou le nom back « dos » qui désigne une relation temporelle dans back in the 90’s.

  • le localisme (soit l’importance de l’espace dans la langue, comme source de nouveaux sens : un phénomène universel ?)

→ le temps verbal construit sur le verbe aller exprime presque toujours le futur, mais en catalan, aller exprime le passé ; au dos de a généralement le sens de « derrière », sauf dans certaines langues africaines où le sens est « au-dessus de », par référence non à notre dos mais à celui des animaux à quatre pattes (par ex. en shilluk, Soudan).

Et aussi

  • Projets internationaux :

la dimension internationale de la science est un élément essentiel de ma recherche. Avec de nombreux séjours dans des universités européennes (en particulier Rome, Lisbonne, Louvain, Tübingen), la plupart de mes articles sont écrits en collaboration avec des universitaires internationaux.

  • Habilitation à diriger des recherches:

« Pour une romanistique moderne : la microtypologie ». Université François-Rabelais de Tours : 2015.

  • Thèse de doctorat en linguistique théorique :

« Evolution sémantique des prépositions dans les langues romanes : illustrations ou contre-exemples de la primauté du spatial ? » Université Paris 7 – Université Rome 3 : 2006.

l’occupation romaine n’a pas laissé de traces que dans la langue ! (ici, les vestiges d’une villa romaine)

 

  • Agrégation de grammaire, option B (latin & grec ancien) : 2000.

 

 

 

 

 

Direction de projets

Projets de recherche en cours :

 

Projets passés :

  • Multimodal analysis of the noun phrase in Finno-Ugric languages, projet PRC (CNRS–RGNF), avec Natalia Serdobolskaya, Russian State University (2016-2018).
  • French in Comparison: The Comparative Approach from Historical Linguistics to Language Pedagogy, avec Mairi McLaughlin, Projet du France-Berkeley Fund (2017).
  • ET – De l’espace au temps : cadres de référence et interférences culturelles, projet financé par le Labex TransferS (2012-2017).
  • Grammaticalisation des prépositions complexes dans les langues d’Europe : projet financé par l’InSHS (2014-2015).
  • Espace et grammaticalisation : ‘projet innovant’, Sorbonne Nouvelle (2011-2012).

Publications

A paraître (janvier 2022)

Mes publications sont accessibles, dans leur quasi-totalité, sur les sites HAL et Researchgate. En voici une sélection.

Articles dans des revues scientifiques à comité de lecture (sélection) :

Fagard, B. & A. Kopecka. 2021. Comparing Source and Goal expressions in German and Polish. Studies in Language 45(1). http://doi.org/10.1075/sl.00016.fag

Fagard, B. & A. Mardale. 2020. L’expression du déplacement en roumain : perspectives romanes. Annales de l’Université de Craiova 23(1), 40-61.

Fagard, B. & P. Blumenthal. 2020. Topic shifts in contrast: Ways to change the subject in French and German, Journal of Pragmatics (10.1016/j.pragma.2019.07.016).

Fagard, B., J. Pinto de Lima & D. Stosic. 2019. Les prépositions complexes dans les langues romanes, Revue Romane 54(1), 1-7 (10.1075/rro.00013.fag).

Fagard, B. 2019. OK – une histoire connue ?, Lexique 25, 11-38 (https://lexique.univ-lille.fr/data/images/numero-25/1_Fagard_ok.pdf).

Fagard, B. & M. Charolles. 2018. Ailleurs, d’ailleurs, par ailleurs : De l’espace à l’humain, de l’humain au discours, Journal of French Language Studies (10.1017/S0959269517000266).

Fagard, B., D. Stosic & M. Cerruti. 2017. Within-type variation in Satellite-framed languages: The case of Serbian, Language Typology and Universals 70(4), 637-660 (10.1515/stuf-2017-0027).

Feltgen, Q., B. Fagard & J.-P. Nadal. 2017. Frequency patterns of semantic change: Corpus-based evidence of a near-critical dynamics in language change. Royal society open science (10.1098/rsos.170830).

Actes (de conférences internationales avec comité de lecture) (sélection) :

Boukhaled, M.A., Fagard, B. & T. Poibeau. 2019. A predictive approach to semantic change modeling. In Digital Humanities Conference, DH2019. Utrecht, The Netherlands.

Fagard, B., Zlatev, J., Kopecka, A., Cerruti, M. & J. Blomberg. 2013. The Expression of Motion Events: A Quantitative Study of Six Typologically Varied Languages. Berkeley Linguistics Society 39, 364-379.

Ouvrages, direction d’ouvrages et de numéros de revue (sélection) :

Fagard, B. & G. Le Tallec. (sous presse). Entre masculin et féminin… Approche contrastive : français et langues romanes. Paris : Presses de la Sorbonne Nouvelle.

Fagard, B., J. Pinto de Lima, E. Smirnova & D. Stosic (eds). 2020. Complex Adpositions in European Languages. A Micro-Typological Approach to Complex Nominal Relators. Series: Empirical Approaches to Language Typology [EALT], 65. Berlin, New York : De Gruyter.

Fagard, B. & M. Charolles (eds). 2020. Topic shifters in a contrastive perspective. Journal of Pragmatics.

Fagard, B., J. Pinto de Lima & D. Stosic (eds). 2019. Les prépositions complexes dans les langues romanes. Revue Romane.

Fagard, B. 2015. Mémoire de synthèse pour l’habilitation à diriger les recherches : « Pour une romanistique moderne : la microtypologie ». Université François-Rabelais de Tours.

Fagard, B. 2006. Evolution sémantique des prépositions dans les langues romanes : illustrations ou contre-exemples de la primauté du spatial ? Doctorat de linguistique théorique, Université Paris 7 – Université Rome 3.

Direction de thèses

J’ai dirigé des thèses portant sur l’évolution sémantique et l’expression de l’espace :

  • Quentin Feltgen (ENS, 2017, coencadrement avec Jean-Pierre Nadal) : « Physique statistique de l’évolution des langues : le cas de la grammaticalisation », prix de thèse des systèmes complexes 2018.
  • Camille Colin (Sorbonne Nouvelle, 2020) : « Localisation temporelle et ‘métaphore spatiale’ : un seul schème cognitif pour deux dimensions ? »
  • Daniel Rojas Plata (Université de Paris, 2019) : « Frontières de l’espace linguistique : analyse comparée des prépositions spatiales du français et de l’espagnol ».
  • Clément Voirin (Université Lyon 2, codirection avec Anetta Kopecka) : « Etude typologique de l’expression (a)symétrique de la trajectoire ».
  • Med Amine Lahouli (Sorbonne Nouvelle) : « Vers une approche cognitive diachronique de la polysémie »
  • Jiayi Li (Sorbonne Nouvelle & Inalco, codirection avec Arnaud Arslangul) : « Etude contrastive du mouvement fictif en français et en chinois ».

Tsveyfl

L’essentiel de ma recherche porte sur la variation linguistique, en particulier en diachronie, avec une visée typologique. Je travaille généralement en diachronie « longue », mais le débat sur le langage inclusif m’a amené à travailler en diachronie très courte (voir la conférence « Entre masculin et féminin » organisée à l’ENS en 2019 et la conférence « Entre féminin et masculin » organisée à Lisbonne en 2021).

Si la question centrale à laquelle j’essaie de répondre est “comment les langues changent-elles ?”, il est évident en effet pour les linguistes que les langues ne peuvent changer sans variation. La variation prépare le terrain du changement ; pour prendre un exemple bien connu, le passage de je mangerai plus tard à je vais manger plus tard passe nécessairement par une phase de variation, où les deux possibilités existent.

« by the by », « by the way », etc. : diverses façons d’introduire une digression en anglais

J’étudie cette thématique très vaste en partant de cas concrets : comment le système linguistique évolue-t-il ? Par exemple, comment les outils de description de l’espace, comme les prépositions, se transforment-ils d’une période à l’autre, et d’un type de langue à l’autre ? Plus précisément, comment le système du latin (système casuel et quelques prépositions) cède-t-il la place à un système où les prépositions sont de plus en plus nombreuses et complexes, et où la place des cas se réduit jusqu’à disparaître ? Ou encore, dans un autre domaine, pourquoi les personnes parlant une langue romanes utilisent-elles plutôt des marqueurs de discours (en fait, finalement, par ailleurs) pour gérer leur discours, tandis qu’on trouve dans les langues germaniques aussi bien des marqueurs de discours (anglais by the way, by the by) que des marqueurs modaux (allemand ja) ?

Ces contrastes entre langues nous amènent à un autre pan de mes recherches, qui étudie le lien entre système linguistique et description du monde : en quoi le système linguistique détermine-t-il la manière dont les locuteurs décrivent l’espace ou les couleurs, par exemple ? Son influence est-elle déterminante, ou bien subordonnée à notre configuration cognitive ?

Enfin, j’ai entamé il y a plusieurs années une réflexion sur la modélisation de l’évolution linguistique : les modèles mathématiques peuvent-ils nous aider, sinon à trouver des réponses, du moins à poser des questions nouvelles sur ce phénomène si complexe ?

Voir aussi dans «Researchers and Faculty Researchers»

Alexandre François Catherine FUCHS Claire MOYSE-FAURIE