Sémantique diachronique : référence, espace, couleur

Le Lattice a depuis de nombreuses années une expertise reconnue en sémantique synchronique (Sarda et al. 2014, Landragin et Tanguy 2014) et diachronique (Fagard 2015). Plusieurs projets ont ainsi porté sur des aspects relevant de l’étude de la sémantique spatiale (Projet Innovant Paris 3, Projet Labex ET) et de la référence (PEPS MC4, ANR Democrat, cf. l’axe « discours »). Pour ce quinquennal, nous proposons d’aborder la question de l’évolution sémantique dans une perspective renouvelée, en étudiant les variations de sens liées au processus de grammaticalisation. Nous comparerons ainsi les valeurs sémantiques de constructions plus ou moins grammaticalisées, dans plusieurs domaines.

Ainsi, les résultats de l’opération Référence (axe Discours), et notamment du projet ANR Democrat, constitueront un point de départ idéal pour une réflexion sur la manière dont la référence se construit à l’aide d’outils grammaticaux comme les paradigmes pronominaux, ce qui pourra avantageusement être comparé à la  de la référence à l’aide de termes plus proches du pôle lexical (Schnedecker 2017). Pour ce faire, nous analyserons l’évolution de la composition et du fonctionnement des expressions référentielles, avec plusieurs angles d’approche complémentaires : l’absence de pronom et le sujet nul (fréquent en français médiéval, de même que la position postverbale du sujet), les phénomènes de flou référentiel, avec par exemple les interprétations plus ou moins inclusives et plus ou moins génériques du pronom « on », ou encore les fonctions de mise en saillance de certains marqueurs (démonstratifs, anaphorique ledit, anaphorique lequel en tête de phrase, etc.). Les travaux effectués dans le cadre de cette opération porteront également sur le domaine sémantique de l’espace, notamment en lien avec certaines opérations de l’axe 1. Nous nous interrogerons ainsi sur l’apport sémantique des prépositions simples et complexes (Fagard 2012, Fagard et De Mulder 2007). Dans le même esprit, nous aborderons le domaine de la couleur, avec la comparaison entre termes lexicalisés et non lexicalisés (Bach et al., 2019).

La méthodologie qui sera suivie dans cette opération repose sur des études qualitatives et quantitatives en corpus, suivant en cela l’expertise acquise dans le laboratoire en linguistique de corpus outillée (Poudat et Landragin 2017).

Nos travaux s’appuieront sur des ressources mises au point dans le cadre de projets auxquels participe ou a participé le Lattice : CoRPTeF, BFM, SCRMF, Presto. L’élaboration de ces ressources a nécessité des compétences linguistiques, théoriques et techniques dont profitera pleinement notre projet de recherche quinquennal.