Laboratoire Lattice - UMR 8094
ENS-CNRS
1 rue Maurice Arnoux, 92120 Montrouge

Camille Colin
(ancien membre)

Doctorant
Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle

Encadrant⋅e :

Sujet de thèse

Localisation temporelle et “métaphore spatiale”: Un seul schème cognitif pour deux dimensions

Directeur de thèse

Benjamin Fagard

Co-Directrice de thèse

Laure Sarda

Résumé de la thèse

L’objectif de mon travail de recherche est d’examiner à travers la diversité des langues du monde le rapport qu’entretiennent le temps et l’espace : d’après l’approche localiste, largement représentée dans les publications scientifiques (voir, entre autres, Evans & Chilton (2010), Gentner et al. (2001), Lakoff & Johnson (1980), Mix & al. (2010), Plumert & Spencer (2007), Simon-Vandenbergen et al. (2003), sans oublier les travaux de L. Boroditsky et de ses collègues), la cognition du temps serait empruntée à celle de l’espace, ce qui se manifesterait dans les langues. Mais la structure du temps est-elle linguistiquement calquée sur celle de l’espace ? Si tel est le cas, cela pourrait en effet témoigner d’une parenté cognitive entre temps et espace; dans le cas contraire, l’approche localiste doit être nuancée. Je définis dans une première partie théorique le sens des mots “temps” et “espace” en démontrant leur lien intrinsèque, puis j’envisage leur rapport du point de vue du phénomène de localisation temporelle, dans une perspective typologique (présentation transversale de traits caractéristiques communs aux différentes familles linguistiques puis approfondissement d’une langue particulière qui met en cause l’approche localiste). Je me penche plus particulièrement sur les familles indo-européenne, amérindienne, bantoue et sino-tibétaine. Le tout semble prouver l’étroite relation entre temps et espace à tous les niveaux de la langue, sans que l’un de ces deux domaines soit réductible à l’autre. Je cherche notamment à montrer que la charpente temporelle de la langue est liée à la dimension spatiale de l’expérience, sans cependant lui être réductible. Un résultat concret est la mise en lumière du lien entre le système temporel classique TAM et les évidentiels, incontestable dans de nombreuses langues notamment bantoues et tibétaines, ou encore la continuité entre aspect verbal et aspect nominal. Plus généralement, ma thèse montre non seulement l’indépendance du temps vis-à-vis de l’espace (bien que les deux soient liés) mais aussi et surtout sa complexité supérieure à celle de l’espace – le tout allant à l’encontre du localisme.

Centres d’intérêt

Temporalité, cognition, localisme, philosophie du langage, phénoménologie, typologie, ethnolinguistique.
mais aussi: didactique des langues, allemand, processus d’acquisition des langues étrangères.

Publications

Camille Colin. L’analogie en oenologie : pour une petite sémantique oenologique. Language Design, Granada Lingvistica (and Metodo Ediciones), 2016, Analogie, Figement et Polysémie, Special Issue (2016), http://elies.rediris.es/Language_Design/LD-SI-2016/. hal-01469437

Colin (à paraître) Repenser le statut du temps au prisme de la linguistique. ELIS – Echanges de linguistique en Sorbonne, Université Paris Sorbonne, 2017, 5. www.elis.hypothèses.org